Le groupe[1] se propose de travailler sur la transformation de la dimension sociale des sociétés contemporaines. Alors que dans le cadre social-historique des sociétés industrielles européennes du 19ème siècle, le développement du social à travers la création et l’extension de multiples institutions (droit social, État social, Sécurité sociale, syndicalisme,…) a permis de donner corps et âme à la démocratie, il sera question d’étudier la signification politique des transformations sociales actuelles qui affectent tant la structure de l’État que celle des politiques publiques ainsi que les possibilités de mobilisation collective pour défendre des droits sociaux collectifs. Que devient le social lorsque sa transformation conduit à des mobilisations sociales intenses ? Quels liens existent-ils entre dimension sociale et conflit social ? La lecture dominante sur la société et ses transformations aujourd’hui chasse autant que faire se peut la dynamique du conflit social. Ce sera dès lors l’axe de travail qui sera privilégié dans ce groupe de réflexion.
Comment se décline aujourd’hui le conflit autour de la revendication et de la recherche de l’égalité sociale ? Comment se transforme le social (et ses multiples institutions) dès lors que l’essence égalitaire du projet de société se transforme en autre chose (égalité des chances, promotion de la diversité et du communautarisme, organisation de la reconnaissance des groupes et des individus sur la base de leurs « capacités »,…) ? Pourquoi le social devient-il subitement « actif » et quel est dès lors le contenu de ce « nouvel État social actif » ?
Mais aussi quelle place et quel rôle le discours politique, scientifique et médiatique attribuent-t-ils à la dimension conflictuelle des rapports sociaux ? Quelles grilles de lectures concurrentes à la thématique du conflit sont mobilisées pour rendre compte de la construction et de la reproduction des inégalités sociales ? Dans quelle mesure ces différentes grilles d’interprétation du social sont-elles réinvesties par les acteurs pour donner sens à leurs propres rapports sociaux ?
Le droit social naît en étant clairement en conflit avec le paradigme dominant du 19ème siècle de la responsabilité individuelle qui est le cœur du droit civil et proclame la nécessité d’une nouvelle grille de lecture : le contrat de travail n’est pas un contrat civil entre personnes égales mais un contrat qui organise une relation inégale. La mise à nu de l’inégalité sociale est au fondement du droit social. Quel avenir pour le droit social et les droits sociaux dès lors que cette inégalité n’est plus assumée en tant que conflit sociétal mais en termes d’inadaptation de populations-cible aux nouvelles nécessités de l’économie ?
Tout travail de retour sur l’histoire et ses conflits pour faire naître et reconnaître l’égalité sociale sera également bienvenu ainsi que les travaux analysant des situations hors Europe.
Le groupe de travail aura un souci égal pour réfléchir sur l’étude descriptive (études de terrains), théorique (études des grilles de lecture théoriques existantes) et méthodologique (confrontation et discussion de diverses méthodes d’analyse). Son principal objectif est de créer une communauté de travail scientifique de réflexion et de débat sur la/les question(s) sociale(s) contemporaine(s).
[1] Constitué par décision du CA de l’ABSP-CF du 14 mars 2006